jeudi 2 novembre 2017

Frangipanier / Frangipani de Célestine Hitiura Vaite



Après l'arbre à pain, Frangipanier permet de retrouver Materana et toute sa famille tahitienne, avec son mari Pito, ses trois enfants et sa multitude d'oncles, tantes, cousins et cousines. Cette fois, le projecteur est dirigé plus particulièrement sur les relations de Materana avec sa fille Leilani, de la naissance de celle-ci à sa vie de jeune femme. L'amour et l'admiration d'une mère pour sa petite fille, brillante écolière particulièrement intelligente, les tensions de l'adolescence, les premiers amours, l'épanouissement et les ambitions d'une jeune femme bien dans sa peau, etc. Une relation qui façonne et inspire aussi Materana, l'héroine de la série qui en vient à s'affirmer pour trouver une nouvelle voie après des années à oeuvrer consciencieusement comme "femme de ménage professionnelle" ...

On retrouve la même fraîcheur que dans l'arbre à pain, une petite bulle de bonheur, une histoire a priori toute simple qui fait du bien et qui évoque avec beaucoup de tendresse et de justesse la vie d'une famille de Faa'a, en périphérie de Papeete. Les expressions et la façon de parler des personnages ainsi que le ressenti de l'histoire sont d'une grande justesse. C'est drole, bien écrit et on apprend au passage plein de petites choses sur la culture locale. On sent l'amour de l'auteur pour son île et ses habitants riches de leurs sourires, de leur simplicité et de leur bienveillance.
Un vrai régal !

Tiré du livre :
- À sa fille qui n'est pas encore née, Materana parle de Tahiti pour lui donner une idée du pays qui sera bientôt le sien (...) les tiare tahiti blancs que les gens portent à l'oreille, à droite pour : je suis libre, à gauche pour : j'ai déjà un amour à moi. Elle lui montre les arbres qu'on a planté le jour où un enfant est venu au monde, le jour où quelqu'un qu'on aime s'en est allé, pour qu'on parle encore de ce jour-là dans cent ans. (...)
- Elle parle d'elle-même maintenant. Alors, pour commencer, elle aime balayer. Quant elle est fâchée, elle balaye (vite), quand elle est triste, elle balaye (lentement), quand elle ne sait plus où elle en est, elle balaye (moitié vite et moitié lentement). Mais le résultat est toujours le même : chez elle, c'est propre par terre et elle est heureuse.
- Materana (...) essaye de se détendre en pensant à toutes les "règles de l'accouchement tahitien traditionnel". Première règle : ne pas crier en poussant pour mettre l'enfant au monde parce que si tu cries le bébé va avoir peur en naissant, et c'est pas bon pour lui. (...) Deuxième règle : ne pas pleurer en braillant quand tu pousses pour mettre l'enfant au monde, parce que si tu pleures le bébé va être tout triste en naissant et c'est pas bon pour lui. Ca fera un bébé qui pleure pour rien, et ça deviendra un adulte qui pleure pour rien (...) Troisième règle : ne pas hurler de gros mots en poussant pour mettre ton enfant au monde, parce que si tu hurles des gros mots, le bébé dans ton ventre il va être fâché et c'est pas bon pour lui. Ca va faire un bébé qui se fâche pour rien, et ça deviendra un adulte qui se fâche pour rien (...) 
- Materana a déjà choisi l'arbre de Leilani, un beau frangipanier qu'on va planter avec le placenta de Leilani la semaine prochaine, après son baptême.(...) Quand un enfant naît à Tahiti, on enterre son placenta au pied d'un arbre jeune, et ensuite l'enfant et l'arbre grandissent ensemble. Un arbre sain veut dire que l'enfant est en bonne santé, de même qu'un arbre malade veut dire que l'enfant va mal. Quand l'arbre de l'enfant est malade, la mère emmène l'enfant voir le docteur. 
- Mets la maison en ordre avant d'aller te coucher, parce que si la première chose que tu vois le matin c'est le bordel, ça va te mettre de mauvaise humeur.

Voir aussi :
L'arbre à pain / Breadfruit ICI

Titre original : Frangipani
Titre français : Frangipanier
Deuxième volume de la trilogie Tahitienne de Materana, avec l'Arbre à Pain et Tiare
Auteur : Célestine Hitiura Vaite
Traduction : Henri Theureau
Première édition : 2004

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