mercredi 25 avril 2018

Une bouffée d'air pur / A breath of fresh air d'Amulya Malladi


En Inde.
La jeune Anjali est prête à se marier quand on lui présente Prakash, le beau et jeune sous-officier de l'armée qui devient son époux. Mais son mariage de conte de fées ne tourne pas comme elle l'avait prévu et lorsque, au retour d'une visite à ses parents, son mari oublie de venir la chercher à la gare de Bhopal, sa vie est bouleversée par l'explosion de l'usine chimique d'Union Carbide. Anjali va survivre mais exige de divorcer malgré les stigmates des conventions sociales associées à une telle procédure.
Des années plus tard, Anjali a refait sa vie avec Sandeep mais elle va de nouveau croiser la route de son ancien mari lorsqu'il est posté dans la ville où elle enseigne, une rencontre qui fait ressurgir, pour les uns et les autres, les démons du passés alors que Amar, le fils d'Anjali et Sandeep est gravement malade ... 

Un roman qui nous plonge dans une société indienne encore profondemment traditionaliste où la place des femmes est bien marquée mais dans laquelle l'héroïne a, à un moment donné, plus ou moins réussi à briser les conventions en préservant les apparences. Ce livre est marqué par deux événements de 1984 qui ont ébranlé l'Inde : l'assassinat d'Indira Gandhi par ses gardes Sikhs avec les représailles et la division religieuse qui en ont suivis et bien sûr, l'épouvantable tragédie de l'explosion de l'usine chimique de Bophal portée par Anjali. L'histoire est la sienne mais le point de vue change parfois pour donner voix à Sandeep et à Prakash.

Je me suis laissée emporter par le récit et sa galerie de portraits, le personnage fort d'Anjali qui ne cesse de se heurter aux préjugés et à la tradition règlant la vie indienne en pesant jusqu'au coeur de l'intimité, mais aussi les hommes aux profils parfois totalement opposés sans être pour autant figés, la belle-soeur acariâtre condamnée par sa condition de veuve sans enfant, les parents coincés par le quand dira-t-on, la nouvelle femme de Prakash et le garçon malade.
Une grande finesse et une justesse d'écriture qui nous permettent de bien saisir les carcans de cette société avec des scènes frappantes et très fortes comme celle de la nuit de noce ou celle des parents qui continuent à faire porter "la faute" sur leur fille même après les confessions du gendre qui veut la dédouanner ou encore, celle de l'échange des deux femmes de Prakash sur le marché, la seconde épouse en venant à excuser son mari auprès de la première qui, incroyablement, y trouve alors la libération, etc. 
Il y est question de haine et d'amour, d'apparences, de compassion, de pardon et de rédemption avec au coeur de toute cette histoire, celle d'un enfant malade qui focalise tous ces sentiments et qu'on accompagne en espérant, avec des larmes lorsqu'il réclame une simple bouffée d'air frais.

Après deux livres, je suis vraiment séduite par cet auteur qui combine ce que j'aime dans les livres, un aspect romanesque combiné à la découverte d'éléments d'une culture et/ou de l'Histoire et/ou de questions sociétales. Une bibliographie à suivre.

Voir aussi :
Le foyer des mères heureuses / A House for happy Mothers
 
Titre anglais : A Breath of Fresh Air
Titre français : Une bouffée d'air pur
Auteur : Amulya Malladi
Première édition : 2002

Extraits du livre :
-My parents had been quite clear about that. I had to at least be "BA pass" to get a decent husband, and if I didn't get married a year after I finished the three-year course, I would have to do a master's in a subject of my choice. "Your chances will be better with an MA" Mummy would say. "Better the education, better the husband."
- We both knew why I was dressing up for the birthday party of a two-year-old, but we didn't say anything. It was understood that these things were better left unsaid, in case the match didn't work out. 
- I knew the basics of sex and my mother, despite my protests, had explained the process. Her rules were simple : lie down and let him do whatever he wants to do. "A woman doesn't have to enjoy sex. There is nothing to enjoy really. It is the means to have a baby and men like it," she had said.
- She was a widow, a pariah in society. She was going to live like this for the rest of her life. Nothing was going to change. She was forever going to be a burden to someone. (...) Society forgave widows for their husbands' deaths, but they didn't forgive women like me, who let their husbands go on purpose.    
- It was the curse of the society. The woman was to blame. Always ! If she was raped, it was her fault. If she was beaten, it was her fault. If her husband cheated on her, it was her fault.

2 commentaires:

  1. je le rajoute sur ma liste, namaste ! 🙏

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    1. Namaste ! J'ai aussi beaucoup aimé son dernier livre, "Le foyer des mères heureuses".

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